vendredi 24 mai 2013

Un dimanche en noir et blanc

   Je fais partie des gens qui n'aiment pas le dimanche. Le dimanche, on s'ennuie, on tourne en rond. Mais lorsque que l'on me propose une sortie, je refuse presque systématiquement, déclarant d'une voix ferme : « Non, je ne sors pas le dimanche. » (Que voulez-vous, j'ai de grands principes dans la vie). Je sais, c'est complètement débile.

   Mais du coup, il a bien fallu que je trouve quelque chose pour occuper cette journée. J'ai donc décidé il y a longtemps que le dimanche, chez Tháleia, c'est journée cinéma. Sauf que voilà, pas plus tard que la semaine dernière, Alfred, mon ordinateur (oui, il a un nom), est tombé malade. Un coma soudain (mais pas tant que ça). Rassurez-vous, il s'est finalement réveillé, mais a oublié tout son passé. Comprenez : j'ai dû tout formater et ai donc perdu tout ce qu'il y avait sur le disque dur. Adieu mes plus de 300 Go de film. Et du coup, grosse crise dimanche dernier, qu'est-ce que je vais bien pouvoir regarder ? J'ai donc ressorti mon carnet où je note les films qu'il faut que je voie, vous savez, un de ces jours. Dans cette liste, beaucoup de films qui ont plus de soixante ans. C'est décidé, ce dimanche sera un dimanche années 40. À moi les grandes icônes de l'époque !


   Commençons notre voyage dans le passé par un arrêt à Fort-de-France, à la Martinique, année 1942. Sur fond de seconde Guerre Mondiale et de résistance, sous la menace du régime de Vichy, Humphrey Bogart et Lauren Bacall s'y donnent brillamment la réplique, se cherchent, se trouvent. Elle est séductrice et provocatrice ; lui, un peu désabusé. Le port de l'angoisse (To have and have not, en version originale), c'est un film qui porte mal son titre, une atmosphère intense, soulignée par le noir et blanc, des dialogues teintés d'humour et d'antiphrases, des cigarettes qu'on allume en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire (les campagnes anti-tabac ne faisaient pas encore rage), mais c'est surtout, un grand film d'amour. Alors un conseil, laissez-vous emporter et regardez naître devant vos yeux un des couples les plus mythiques du cinéma, à la scène comme à la ville.

“You know how to whistle, don't you, Steve? You just put your lips together and... blow.”[1]



   Pour notre deuxième et dernière escale (pour aujourd’hui), quittons donc les Antilles, traversons l'Atlantique en compagnie d'Humphrey Bogart (oui, encore lui), atterrissons au Maroc, alors français, et allons rejoindre Ingrid Bergman. Bienvenue à Casablanca où là encore, la seconde Guerre Mondiale est présente, presque un personnage à part entière cette fois. Sans elle, le film n'aurait pas lieu d'être. Monsieur Bogart, en cynique au grand cœur (brisé) y est excellent ; Madame Bergman, en femme mariée à un autre, sublime. Et puis, il y a cette scène. Cette scène magnifique où toute une salle se lève entonnant La Marseillaise pour contrer les chants allemands. Ce film d'amour (et oui, encore) est magistral et je comprends maintenant pourquoi il traverse les époques sans prendre une ride. Je dois bien vous l'avouer, je me suis pris une grande claque.

“Don't you sometimes wonder if it's worth all this? I mean what you're fighting for.”

“You might as well question why we breathe. If we stop breathing, we'll die. If we stop fighting our enemies, the world will die.” [2]


   Alors pour finir, je vais remercier Alfred d'avoir planté. Car sans ça, je n'aurais pas vécu ces deux grands moments de cinéma.

Tháleia


[1] "Vous savez siffler, n'est-ce pas, Steve ? Vous devez rapprocher vos lèvres et... siffler."

[2] "Vous ne vous demandez jamais si tout ça en vaut la peine ? Ce pour quoi vous vous battez.
– Vous pourriez tout aussi bien demander pourquoi nous respirons. Si nous arrêtons de respirer, nous mourrons. Si nous arrêtons de nous battre contre nos ennemis, le monde mourra."


  

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