Je
fais partie des gens qui n'aiment pas le dimanche. Le dimanche, on s'ennuie, on
tourne en rond. Mais lorsque que l'on me propose une sortie, je refuse presque
systématiquement, déclarant d'une voix ferme : « Non, je ne sors pas
le dimanche. » (Que voulez-vous, j'ai de grands principes dans la vie). Je
sais, c'est complètement débile.
Mais du coup, il a bien fallu que je trouve quelque
chose pour occuper cette journée. J'ai donc décidé il y a longtemps que le
dimanche, chez Tháleia, c'est journée cinéma. Sauf que voilà, pas plus tard que
la semaine dernière, Alfred, mon ordinateur (oui, il a un nom), est tombé
malade. Un coma soudain (mais pas tant que ça). Rassurez-vous, il s'est
finalement réveillé, mais a oublié tout son passé. Comprenez : j'ai dû
tout formater et ai donc perdu tout ce qu'il y avait sur le disque dur. Adieu
mes plus de 300 Go de film. Et du coup, grosse crise dimanche dernier,
qu'est-ce que je vais bien pouvoir regarder ? J'ai donc ressorti mon
carnet où je note les films qu'il faut que je voie, vous savez, un de ces
jours. Dans cette liste, beaucoup de films qui ont plus de soixante ans.
C'est décidé, ce dimanche sera un dimanche années 40. À moi les grandes icônes
de l'époque !
Commençons
notre voyage dans le passé par un arrêt à Fort-de-France, à la Martinique,
année 1942. Sur fond de seconde Guerre Mondiale et de résistance, sous la
menace du régime de Vichy, Humphrey Bogart et Lauren Bacall s'y donnent brillamment
la réplique, se cherchent, se trouvent. Elle est séductrice et
provocatrice ; lui, un peu désabusé. Le port de l'angoisse (To
have and have not, en version originale), c'est un film qui porte mal son
titre, une atmosphère intense, soulignée par le noir et blanc, des dialogues
teintés d'humour et d'antiphrases, des cigarettes qu'on allume en moins de
temps qu'il n'en faut pour l'écrire (les campagnes anti-tabac ne faisaient pas
encore rage), mais c'est surtout, un grand film d'amour. Alors un conseil,
laissez-vous emporter et regardez naître devant vos yeux un des couples les
plus mythiques du cinéma, à la scène comme à la ville.
“You know how to whistle, don't you,
Steve? You just put your lips together and... blow.” [1]
Pour notre deuxième et dernière
escale (pour aujourd’hui), quittons donc les Antilles, traversons l'Atlantique en compagnie d'Humphrey
Bogart (oui, encore lui), atterrissons au Maroc, alors français, et allons
rejoindre Ingrid Bergman. Bienvenue à Casablanca où là encore, la
seconde Guerre Mondiale est présente, presque un personnage à part entière
cette fois. Sans elle, le film n'aurait pas lieu d'être. Monsieur Bogart, en
cynique au grand cœur (brisé) y est excellent ; Madame Bergman, en femme
mariée à un autre, sublime. Et puis, il y a cette scène. Cette scène magnifique
où toute une salle se lève entonnant La Marseillaise pour contrer les
chants allemands. Ce film d'amour (et oui, encore) est magistral et je
comprends maintenant pourquoi il traverse les époques sans prendre une ride. Je
dois bien vous l'avouer, je me suis pris une grande claque.
“Don't you sometimes
wonder if it's worth all this? I mean what you're fighting for.”
“You might as well
question why we breathe. If we stop breathing, we'll die. If we stop fighting
our enemies, the world will die.” [2]
Alors
pour finir, je vais remercier Alfred d'avoir planté. Car sans ça, je n'aurais
pas vécu ces deux grands moments de cinéma.
Tháleia
[1] "Vous savez siffler, n'est-ce pas, Steve ? Vous devez rapprocher vos lèvres et... siffler."
[2] "Vous ne vous demandez jamais si tout ça en vaut la peine ? Ce pour quoi vous vous battez.
– Vous pourriez tout aussi bien demander pourquoi nous respirons. Si nous arrêtons de respirer, nous mourrons. Si nous arrêtons de nous battre contre nos ennemis, le monde mourra."
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